Pollution acoustique et réglementation, une articulation à refonder pour anticiper un 'noisegate' Free Réservé aux membres

Avec une urbanisation croissante, la proportion de personnes exposées à la pollution sonore devient de plus en plus grande. De nombreuses réglementations cadrent ce risque en imposant une mise sous contrôle de l’émission sonore des moyens de transports, et des dispositions d’évaluation du bruit dans l’environnement urbain par modélisation et mesures.

Ces règlementations ont pour objectif d’améliorer la qualité de notre vie, de réduire les risques pour la santé et de protéger notre environnement.

Dans le cas de l’automobile, les lois régissant le bruit émis à l’extérieur se sévérisent drastiquement pour les années à venir, et se complètent de dispositions liées aux spécificités des nouveaux modes de mobilité comme l’ajout d’avertisseur sonores sur les véhicules électriques ou hybrides à basse vitesse. Les compromis que cela représente sont délicats : principalement parce que l’émission sonore d’un véhicule est en passe de devenir très largement dominée par le contact pneu chaussée - lui-même piloté par le type et l’état du revêtement – et que les pneumatiques sont soumis à de très nombreuses spécifications qui deviennent antagonistes : on leur demande également de présenter la plus faible résistance au roulement pour les objectifs de CO2, de ne pas émettre de particules fines, et d’assurer la sécurité (freinage et tenue de route) dans toutes les situations de conduite.

L’environnement sonore est lui réglementé par une directive imposant notamment la production de cartes stratégiques de bruit, permettant d’évaluer la population exposée à une dose trop importante, et d’évaluer les impacts des dispositions de réduction de vitesse, de mur anti bruits, etc…. Or la construction de ces cartes se base sur des modèles d’émission des véhicules routiers a priori très faiblement connectés aux exigences déclinées aux sources, a tel point qu’il est très incertain que les réductions de bruit exigées sur les sources dans les modalités actuelles ne se répercutent sur ces modèles et les décisions qui en découlent.

Les citoyens quant à eux, font l’expérience quotidienne d’un « soundscape » urbain qui est à présent systématiquement objectivé par l’avènement des « smart cities », ou chacun peut objectiver son exposition aux nuisances via une myriade de capteurs et autres technologies collaboratives, et par ailleurs exprimer son ressenti en temps réel au travers d’enquêtes organisées par différents observatoires du bruit. Les résultats de ces mesures et de ces enquêtes posent question sur l’impact réel des dispositions imposées aux constructeurs automobile, et augurent une situation de potentiel « noise gate » ou les règlementations sont respectées à la source et dans l’environnement, mais aucun progrès n’est mesuré sur le terrain.

l est donc nécessaire d'évaluer le véritable impact des conséquences de ces règlementations et de travailler conjointement avec notamment les acteurs de l’acoustique environnementale pour proposer une démarche qui garantisse l’impact final des efforts des constructeurs.
Par ailleurs il nous faut mieux cerner les aspects perceptifs de l’acoustique en milieu urbain et imaginer de nouvelles métriques plus représentatives de la gêne, par une approche qualitative complétant la démarche uniquement quantitative, et participer à la construction du soundscape de nos villes du futur.

Ce document permet d'éclairer le sujet et de présenter la démarche en cours.